Le « DOSSIER » AMÉRIQUE
search
  • Le « DOSSIER » AMÉRIQUE

Le « DOSSIER » AMÉRIQUE

18,00 €
TTC

• Récit/Actualité
ILF et PETROV

Quantité

 

Garanties Paiement sécurité

  Politique de livraison

Livraison dans les meilleurs délais

 

Politique retours

Traduit du russe par Alain PRÉCHAC

Le roman-reportage L'Amérique sans étages (Одноэтажная Америка), paru en URSS en 1937, est l'exemple unique d'un livre apparemment objectif, avec quelques opinions de ses coauteurs, paru à une époque d'oppression maximale dans tous les domaines : politique (procès dits de Moscou), littéraire (emprisonnement ou exécution d'écrivains) et, en général, humain (millions de victimes). Entre l'assassinat de Kirov le 1er décembre 1934 et le retour à Moscou de nos écrivains, en février 1936, l'atmosphère s'était considérablement durcie : ils ne furent ni fêtés ni même accueillis à la gare.
Le présent « dossier » constitue le complément critique du « roman-reportage » L'Amérique au ras du sol d'Ilya Ilf et Yevguiéni Petrov. L'Amérique au ras du sol laisse en effet, à sa seule lecture, de nombreuses questions en suspens : quelles conclusions réelles les écrivains tiraient-ils de la confrontation des deux systèmes soviétique et américain ? Les Lettres à leurs femmes, qu'ils écrivent à la même époque, fournissent, malgré la barrière de la censure postale, de précieux renseignements à cet égard : elles gurent ici presque intégralement (pour Ilf, d'après les manuscrits communiqués par sa lle Alexandra, pour Petrov d'après une édition incomplète de 1961, partiellement complétée par un petit livre de 1998). Le Journal d'Amérique d'Ilf, publié bien après sa mort en URSS (et, intégralement, en 2000 seulement), est encore plus révélateur. Ces sources révèlent la personnalité de Solomon Trone, l'homme qui les a manipulés tout au long de leur séjour. Sous ses dehors de brave citoyen américain (« Monsieur Adams », dans le roman), cet agent secret du Komintern ne cachait pas son désir de voir les États-Unis devenir une seconde Union soviétique. Nous publions sa très révélatrice correspondance d'archives avec les auteurs. Même les Russes n'en ont pas encore eu la primeur. Dans une interview accordée en 1992 et publiée en 1997, sa veuve (alors très âgée) a tenté, cinquante-sept ans après les faits, de brouiller les pistes en dissimulant le vrai rôle joué par son mari. La mission politique l'emportait bien pour le Kremlin sur la tâche exploratrice ou l'éventuelle œuvre littéraire, comme l'illustre encore la Lettre à Staline écrite par les auteurs (peut-être par le seul Petrov) en février 1936, et révélée au public en 1992. Deux petites œuvres de circonstance (on pourrait presque dire : de propagande) écrites pour le public soviétique, qui contrastent avec la remarquable « objectivité résiduelle » du roman-reportage (car surtout destinée au public et aux responsables américains), montrent enfin les écrivains otages d'un système diabolique.

Les auteurs
Nés à Odessa en 1897 et 1902, ils sont morts tous deux à moins de quarante ans : Ilya Fainzilberg, dit Ilf, en 1937 (tuberculose ou plus probablement suicide) et Yevguiéni Kataïev, dit Petrov, en 1942 (accident d'avion). D'abord journalistes, puis auteurs associés (comme les frères Goncourt ou Erckmann et Chatrian), ils ont publié ensemble, entre 1928 et 1937, de nombreux ouvrages humoristiques ou satiriques. Leurs deux romans picaresques – Les Douze Chaises (1927-28, peinture humoristique de la société russe à la n de la NEP) et Le Veau d'or (1931-33, satire masquée mais acérée des processus de mise en place du stalinisme) – ont connu un succès inouï, faisant d'eux, avec de surcroît deux cents récits, trois grandes nouvelles et le présent « roman-reportage », les auteurs soviétiques les plus populaires à ce jour : quelque cent millions d'ouvrages vendus dans leur pays, malgré de longues périodes de censure partielle ou totale, un nombre considérable en Europe de l'Est (avant comme après la chute du communisme), une quinzaine d'adaptations à l'écran, une station polaire et deux petites planètes du système solaire nommées en leur honneur (après le communisme), sans compter de nombreuses manifestations culturelles comme l'« Ostap d'or », créé en 1992 à Saint-Pétersbourg, du nom de leur plus célèbre héros. Ils ont été l'honneur de leur pays, l'incarnation de la résistance secrète de la population à l'arbitraire gouvernemental, surtout stalinien mais aussi khrouchtchévo-brejniévien.

14 x 22 cm - 376 p. - 18 € - ISBN : 979-10-91301-37-4 - Parution : 28 novembre 2019.

ILF et PETROV